Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 20203 qui renversé le président Mohamed Bazoum, Niamey et Paris sont rentrées dans une relation exécrable avec des tensions qui sont loin de connaître une chute. L’une des conséquences de cette situation est la fermeture de l’ambassade française au Niger.
La France a décidé de fermer son ambassade au Niger, où “elle n’est plus en capacité de fonctionner normalement ni d’assurer ses missions”, a-t-on appris jeudi 21 décembre 2023 de sources diplomatiques.
Cette mesure, extrêmement rare, intervient alors que Niamey avait annoncé le 12 décembre le départ de tous les soldats français déployés au Niger dans le cadre de la lutte antidjihadiste d’ici le 22 décembre.
C’est l’aboutissement de relations exécrables entre la France et le Niger, depuis l’arrivée au pouvoir des généraux à Niamey, lors d’un coup d’État le 26 juillet.
Au Mali et au Burkina Faso, où des régimes militaires ont également chassé l’armée française ces dernières années après des coups d’État, la France a maintenu ses représentations diplomatiques, malgré de fortes tensions avec ces pays qui se sont rapprochés de la Russie, comme Niamey semble le faire.
“Plus en capacité de fonctionner“
Quatre fonctionnaires français, des agents du renseignement selon une source burkinabè, des techniciens de maintenance informatique selon une source diplomatique française, ont été arrêtés à Ouagadougou début décembre.
Mais le différend paraissait insurmontable au Niger où, “après l’attaque contre notre ambassade le 30 juillet dernier, et après l’instauration d’un blocus autour de notre emprise par les forces nigériennes, nous avions procédé, fin septembre, au départ de l’essentiel de nos personnels diplomatiques”, ont expliqué les sources diplomatiques.
“L’ambassade de France au Niger n’est donc plus en capacité de fonctionner normalement ni d’assurer ses missions. Prenant acte de cette situation, nous avons décidé la fermeture prochaine de notre ambassade” et dans ce cadre “dû procéder au licenciement et à l’indemnisation de nos agents de droit local”, ont-elles poursuivi.
Après le coup d’État du 26 juillet, les militaires au pouvoir avaient rapidement exigé le départ des soldats français – environ 1500 déployés pour lutter contre les djihadistes – et dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec Paris.
Ambassadeur expulsé
Le régime militaire avait aussi prononcé fin août l’expulsion de l’ambassadeur de France Sylvain Itté. Celui-ci était resté près d’un mois coincé à l’intérieur de la représentation diplomatique avant de la quitter. Il était «pris en otage», avait commenté le président français Emmanuel Macron.
Les entreprises nigériennes fournissant du ravitaillement à l’ambassade étaient “dissuadées, voire menacées” par le nouveau pouvoir, et avaient fini par ne plus venir, avait déclaré Sylvain Itté fin septembre sur la chaîne TF1.
“Il fallait sortir les poubelles sans que nos amis de la junte s’en aperçoivent”, avait-il indiqué, ajoutant : “Il s’agissait de faire rentrer de la nourriture, de l’eau, là aussi en faisant preuve d’ingéniosité”.
Le 30 juillet, la manifestation violente qui avait visé l’ambassade de France s’était muée en “attaque” et avait “duré plus de 2h30”, avait-il raconté.
“Ce jour-là, nous étions collectivement en danger et nous sommes passés très, très près du drame, parce qu’il y avait plus de 6000 personnes qui étaient là pour en découdre, qui étaient là pour rentrer dans l’ambassade”, avait relaté le diplomate. La France a compté jusqu’à 5500 militaires déployés dans le Sahel, avant d’en être chassée par des coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et enfin au Niger.
Source : AFP