L’activiste franco-béninois Kemi Seba, s’est vu retiré officiellement sa nationalité française. Très critique des relations entre la France et l’Afrique, Paris lui reproche des actes contraires à ses intérêts.
C’est dans un décret daté du 8 juillet 2024 et paru ce 9 juillet au Journal officiel que la nouvelle est tombée. «Sur l’avis conforme du Conseil d’État, est déclaré avoir perdu la nationalité française Stellio Gilles Robert Capo Chichi », peut-on y lire. Né à Strasbourg de parents béninois naturalisés français, Kemi Seba, 42 ans, possède en revanche toujours la nationalité béninoise.
Le leader du groupe Urgences panafricanistes a organisé ces dernières années plusieurs conférences au cours desquelles il a été très critique à l’égard de la France et a dénoncé le franc CFA. Des positions qui lui ont valu plusieurs expulsions et arrestations en Afrique de l’Ouest et qui ont contribué à accroître sa popularité sur les réseaux sociaux. Le député Renaissance Thomas Gassilloud, alors président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, l’avait accusé d’être un «relais de la propagande russe» et de servir « une puissance étrangère qui alimente le sentiment anti-français».
Alors qu’il participait à un forum sur la multipolarité à Moscou en février, l’activiste avait confirmé avoir été notifié de la démarche du ministère français de l’Intérieur. Kemi Seba s’était alors dit accusé de « posture résolument anti-française, susceptible de porter gravement atteinte aux intérêts français et de nature à caractériser une déloyauté manifeste», mais aussi de «divers agissements destinés à attiser, dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, un sentiment anti-français», et d’inciter à la rébellion contre des autorités locales «jugées proches des autorités françaises».
Il avait un mois pour faire parvenir ses observations. Mais en réponse, Kemi Seba a brûlé publiquement son passeport français et la vidéo a été mise en ligne en mars.